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LE DERNIER LIVRE
Pour les jeunes qui ne passeront pas leur vie à lire
Tout ce que vous n’apprendrez pas au secondaire et au collégial
Essai, Serge-André Guay,
Fondation littéraire Fleur de Lys,
Lévis, Québec, 2022, 67 pages.
ISBN 978-2-89612-625-5
Exemplaire numérique (PDF) : Gratuit
EXTRAITS
PRÉFACE
Âgé de 15 ans, rendu en secondaire IV, je consacre mes dimanches soirs à mes devoirs tout en écoutant mon émission de radio préférée. L’animateur mobilise toute mon attention lorsqu’il affirme : « Ceux qui se donnent constamment raison, vivent dans un système (de pensée) sans failles. Or, c’est par les failles que la lumière entre ». Ce fut pour moi une véritable révélation.
Je reconnais dans mon entourage plusieurs adultes qui se donnent raison chaque fois qu’ils parlent. Ils s’expriment avec une telle force de conviction qu’il ne sert à rien d’essayer de remettre en question leurs opinions. Ils ont raison. En fait, ils se donnent raison comme si c’était là le but de toutes leurs conversations.
Pour tout vous dire, j’avais l’impression d’avoir tort avant même d’ouvrir la bouche lors des soupers familiaux. Alors, je me contentais d’écouter en silence. Je n’avais pas le goût de me confronter à mes parents en soutenant que je n’étais pas d’accord avec leurs affirmations. J’observais à quel point leur système de pensée n’avait aucune faille. À un moment donné, je me suis même demandé si être adulte procurait le pouvoir de se donner raison. Ainsi, un jeune ne pouvait pas avoir raison tant et aussi longtemps qu’il n’atteignait pas l’âge adulte.
C’est vrai, quand on est jeune, nous n’avons pas l’expérience des adultes. Mais rien n’empêche que nous ayons des idées et des opinions. Nous imitons nos parents. Certains jeunes se lancent dans des confrontations, parfois violentes, avec leurs parents et les adultes en autorité. Le prix à payer est souvent élevé : « Va dans ta chambre » ou, pis encore, « C’est ce que tu penses… mais tu te trompes, tu verras plus tard ».
Jeunes, on se rend compte que le monde dans lequel nous vivons n’est pas celui qu’on nous a annoncé et encore moins celui qu’on a imaginé durant notre enfance. Du secondaire I au secondaire V puis au CÉGEP, nous prenons conscience que le monde ne correspond pas aux promesses des adultes.
J’ai observé deux réactions au sein de mes collègues de classe. Certains refusent de se confronter au monde des adultes et s’enferment dans leur jeunesse. Les autres sont en colère parce qu’ils se sentent trahis et contestent. En fin de compte, la plupart des jeunes parviennent à se faire une raison pour profiter du système en place dans le monde. D’autres vivront toujours en marge de la société.
Ce livre ne sera pas utile à ceux et celles qui accepteront de se plier aux exigences du système et l’exploiteront au mieux de leurs connaissances et de leurs expériences.
Ce livre sera utile à ceux et celles qui, comme moi, décideront de vivre en marge de la société avec laquelle ils ne souhaitent pas (ou ne peuvent pas envisager) faire des compromis avec le système et s’accrochent à leurs idéaux.
En termes imagés, les premiers empruntent l’autoroute de la vie et les seconds préfèrent la route de campagne. Il n’y a pas de mauvais choix. Il s’agit simplement d’exploiter au maximum notre faculté de pensée, nos talents et notre créativité pour surmonter les obstacles.
Ce soir-là, je me couche tout en écoutant mon émission de radio, mais je suis distrait par ce fameux « La lumière entre par les failles ». Désormais, je ne vais plus chercher à colmater mes failles en cherchant à me donner raison pour laisser la lumière m’éclairer. Ce livre explique comment je profite encore de ce changement de cap à 65 ans.
Serge-André Guay
EXTRAITS
INTRODUCTION
CHAPITRE 1
Cette introduction, me dit-on, n’est pas écrite dans un langage adapté aux jeunes. À vous de juger.
La lecture de plusieurs livres vous est imposée par vos professeurs au cours de vos études secondaires et collégiales. Mais plusieurs d’entre vous n’aiment pas la lecture et n’en prendront pas l’habitude à la suite de leurs études. De plus, ces lectures scolaires ne vous préparent pas vraiment à la vie réelle. Il en va de même avec les programmes d’étude parce qu’ils excluent des informations essentielles depuis des décennies. Ainsi, tout au long de votre vie, vous découvrirez ces informations et conclurez « Mais pourquoi donc ne m’a-t-on pas dit cela lorsque j’étais jeune ? J’aurais gagné un temps précieux ». Voilà pourquoi je propose un dernier livre à ceux et celles qui ne passeront pas leur vie à lire. Je souhaite contribuer au développement de votre faculté de penser, l’enjeu principal de vos études.
Dans ce livre, je réunis tout ce que j’aurais aimé savoir dès mon adolescence et mes premiers pas dans la vie adulte. Un savoir acquis par la lecture de livres anciens et nouveaux et par ma propre expérience de la vie.
« Le dernier livre » propose tout ce que vous n’apprendrez jamais pour développer votre faculté de penser au cours de vos études secondaires et collégiales.
Critique de l’école et des programmes scolaires
Depuis des décennies, les décideurs des programmes scolaires épurent, pour ne pas dire, censurent les contenus et les méthodes d’enseignement. Ils écartent des sources de connaissances jadis essentielles. « Ils jettent le bébé (l’essentiel) avec l’eau du bain (le superficiel) » comme on dit. Pour prendre conscience de la situation du monde de l’enseignement, il faut un certain recul que seules les années et l’expérience permettent.
Aujourd’hui, l’école a perdu de vue les enseignements qui vous seraient utiles pour bâtir votre liberté de penser. Au fil des décennies, l’école est devenue ignorante et elle ne peut plus vous apprendre ce qu’elle ne sait pas (on ne donne pas ce que l’on n’a pas).
Pis encore, l’école vous isole toujours davantage du monde réel. Seuls les intervenants soumis entièrement à leur projet éducatif peuvent désormais entrer dans les écoles pour s’adresser à vous. Celles-ci veillent à ce que personne ne vienne vous corrompre avec des idées nouvelles autres que celles à ses programmes. Que ce soit au secondaire ou au collégial, l’école barre les portes à double tour à tous ceux et celles qui vous motiveraient à remettre en question votre apprentissage.
La critique ne date pas d’hier et demeure actuelle : « À quoi cela va-t-il me servir dans la vie ? ». Très souvent sans réponse satisfaisante, cette question laisse pourtant voir clairement des besoins non comblés par l’école depuis trop longtemps.
Les plus courageux d’entre vous s’accrochent et décrochent leur diplôme d’études secondaires et même collégiales. Ils y parviennent, non pas uniquement par le programme scolaire, mais surtout par leur attachement à leur milieu de vie, à l’école elle-même, à leurs collègues de classe et à leurs amis tout comme à leurs activités parascolaires sans oublier leur vie en dehors du cadre scolaire. Vous pouvez vous discipliner à rester enfermés dans une classe pour écouter les professeurs, à faire vos devoirs et à améliorer vos notes. Bref, votre réussite dépend de votre capacité à vous glisser dans le système et à lui donner ce qu’il demande, sans vous questionner.
Mais il faut une récompense pour tenir une telle discipline, une récompense quotidienne et durable. Vous la trouvez dans la vie parascolaire et sociale libre. Elle vous maintient à l’école ainsi devenue un simple lieu physique avec des facilités. « C’est déjà beaucoup », me diront des adultes qui ne veulent pas voir les jeunes traîner dans les rues ou décrocher. Mais ce n’est pas assez ! On peut toujours se rallier à l’idée qu’il faut que jeunesse se passe ou à celle beaucoup plus inspirante qu’il ne faut pas gaspiller sa jeunesse.
Vous savez fort bien que l’école ne vous prépare pas à la vie réelle, mais à un travail. Vous apprenez assez rapidement et à la dure que la vie réelle est toute autre que celle enseignée en classe.
Si on ne peut pas nier l’apport de l’école à l’acquisition d’une certaine culture générale, cette dernière demeure très limitée par les programmes d’enseignement imposés aux professeurs. Au Québec, les programmes scolaires ne vous instruisent pas de certains sujets pourtant jugés essentiels ailleurs dans le monde. La censure de ces sujets se maintient d’une réforme de l’éducation à l’autre depuis des décennies.
Dans les années 1950, les principales matières enseignées dans les collèges classiques sont les lettres, la philosophie et la rhétorique (art oratoire). Le programme des collèges classiques incluait, entre autres, des cours de logique et des cours de stylistique (étude des particularités d’écriture d’un texte). À cette époque, les programmes scolaires de ces collèges se fondaient sur les acquis de l’Homme depuis plus de 2000 ans. Dans les années 1960, les programmes scolaires québécois ont rejeté ces acquis historiques. Il s’agissait alors de rendre l’école accessible à tous et il fut décidé d’exclure des programmes scolaires du contenu classique. Plus de 2000 ans de connaissance furent relégués aux oubliettes.
J’ai trouvé quelques-uns des manuels scolaires utilisés dans les collèges classiques au cours des années 1950. Ma réaction : « Ah ! Si on m’avait enseigné ça, tout aurait été plus simple ».
Enfin, je me dois de vous sensibiliser au rôle exagéré de la psychologie dans vos écoles secondaires et dans vos collèges. Tout problème devient psychologique, du manque de confiance en soi à la dégradation de l’estime de soi en passant par les difficultés de concentration. L’école est psychologisante, c’est-à-dire qu’elle donne une valeur, une explication exclusivement psychologique à toute chose. Elle soumet abusivement tout événement à une interprétation psychologique. L’école s’accorde ainsi parfaitement avec la société tout aussi psychologisante dans laquelle on nous force tous à vivre, souvent pour notre plus grand malheur.
Arrêter de penser à demain, penser ici et maintenant
On vous motive à demeurer et à vous impliquer dans vos études en soutenant que vous devez penser à demain ou, si vous préférez, qu’aujourd’hui vous devez penser à votre avenir. Mais qu’en est-il du penser ici et maintenant ? Les programmes scolaires au secondaire et au collégial ne comprennent aucun cours consacré à votre faculté de penser et son développement. Pourquoi l’école ne vous enseigne-t-elle pas comment notre système de pensée fonctionne, comment l’ajuster en cas d’erreur de pensée, comment en profiter pour bien réfléchir ?
Si l’école se vante de développer l’esprit critique des jeunes, elle ne vous en donne pas vraiment les moyens puisqu’il n’y a aucun cours consacré uniquement à ce sujet au programme. On trouve ici et là, dans certains cours, des interventions en faveur de la pensée critique face à ceci ou cela. La mode, par exemple, est à l’esprit critique pour reconnaître les fausses nouvelles. Mais toutes ces interventions ne vous plongent pas au cœur de l’extraordinaire faculté de pensée reconnue à tout Homme et toute Femme. L’école donne des exemples précis de pensée critique sur des sujets tout aussi précis. Elle espère ainsi que votre esprit se formera par lui-même à la pensée critique à l’aide de ces exemplaires. Mais ce n’est pas ainsi ou par la bande que l’on forme à l’esprit critique. Il faut aborder le sujet de front. Ceci fait, peu importe les sujets et les situations, l’esprit critique joue son rôle. Il est acquis et en développement une fois pour toutes tout au long de sa vie. Mais l’école l’ignore ou n’a pas le temps de s’arrêter aussi longtemps au sujet. Elle se limite, comme mentionné ci-dessus, à de simples exemples d’application de l’esprit critique, mais n’aborde pas le développement général de l’esprit critique en soi.
De plus, pour enseigner l’esprit critique, il faut un esprit critique. Les universités québécoises ne forment pas vos professeurs à l’enseignement de la pensée critique au secondaire et au collégial. Les institutions scolaires françaises le font et nous retrouvons des cours et des manuels scolaires spécifiques au développement de la pensée critique auprès des jeunes. Ça n’est-ce pas le cas au Québec!
Une question de conscience
À l’adolescence ou lors de nos premiers pas dans la vie adulte nous développons notre propre conscience face à la vie, la famille, les ami(e)s, les collègues de classe, l’école… Plusieurs se rendent compte que le monde n’est pas ce qu’ils imaginaient. Certains d’entre vous se résignent et entrent dans le rang. D’autres portent un regard critique sur la société et se rebellent. Peu importe la situation dans laquelle vous vous retrouvez, il s’agit d’une question de conscience intimement liée à la pensée critique. Ce livre vous propose des moyens pour développer votre pensée critique.
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AU SUJET DE L’AUTEUR
Serge-André Guay
Marié et père de quatre enfants, Serge-André Guay est né à Lévis (Québec, Canada) en 1957. De formation autodidacte et travailleur autonome depuis près de 50 ans, il a tout d’abord été animateur, commentateur, chroniqueur, journaliste, recherchiste et rédacteur en chef au service de différents médias québécois et ontariens.
Puis, son expérience des médias et un stage de formation en Europe font de lui un éducateur aux médias dont les interventions sont recherchées par le milieu scolaire. Ensuite, à titre de consultant, l’utilité de ses plans d’action en communication et en marketing est vite appréciée.
Depuis 1990, il développe une expertise hautement spécialisée en recherche marketing, soit l’étude des motivations d’achat des consommateurs, axée sur l’évaluation prédictive du potentiel commercial des produits et des services, nouveaux et améliorés.
Pour ce faire, il retient la méthode et l’approche indirecte proposées par le chercheur américain Louis Cheskin, à qui il accorde le titre de premier scientifique du marketing.
Depuis, il a étudié les réactions sensorielles involontaires et les réactions inconscientes de plus de 25,000 consommateurs dans le cadre de plus d’une centaine d’études des motivations d’achat pour différents manufacturiers et distributeurs canadiens.
Il a signé de nombreux articles et donné plusieurs conférences percutantes. Il a aussi publié une série de vingt-quatre études traitant du caractère scientifique du marketing sous le titre “Science & Marketing”, Prédire le potentiel commercial des biens et des services”. À ses yeux, le marketing doit renouveler son efficacité sur des bases scientifiques rigoureuses.
Il n’hésite pas à questionner les idées reçues. Animé par une profonde réflexion sur la conscience et la condition humaine, il est un « libre-penseur-entrepreneur », plutôt analytique.
En 2000, il écrit un essai de gouvernance personnel sous le titre J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison.
En juin 2003, il met sur pied la Fondation littéraire Fleur de Lys, premier éditeur libraire francophone sans but lucratif en ligne sur Internet (https://manuscritdepot.com/).
En février 2022, il lance l’Observatoire québécois de la philothérapie (https://philotherapie.ca/).
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Serge-André Guay
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