AGIR
Essai – Philosophie
Endré,
Fondation littéraire Fleur de Lys
Lévis, Québec, Février 2019
134 pages
ISBN 978-2-89612-565-4
PRÉSENTATION
« Agir » est une réflexion engageante sur le temps qui court par l’un de ses contemporains qui se demande s’il est bien de son époque ! Dans son questionnement surgiront entre autres ses préoccupations sur la démocratie, le consumérisme, la laïcité, le pays, le multiculturalisme. Rien de neuf à première vue. Mais à regarder de plus près, l’exposé que l’auteur nous offre ici se présente comme un regard bien différent de ce qui peut nous paraître tomber sous le sens. En fait, il nous propose d’éviter les réponses toutes faites avant de connaître les questions, car elles n’en sont peut-être pas !
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Je ne suis pas
Deux paramètres
Libérer la raison
Le droit
Des religions, des divinités et des hommes
De la démocratie
La quadrature humaine du cercle de vie
Le vivant
La nourriture
L’histoire entre zéro et l’infini
Agir
Être de son temps
Laïcité
Le Pays
Multiculturalisme
Se connaître pour devenir soi ?
Alors l’autre ?
De la pertinence des sages et des modèles
Conclusion
Au sujet de l’auteur
Communiquer avec l’auteur
EXTRAITS
Introduction
L’individualité qui nous occupe tant aujourd’hui est cette réalité qui s’exprime pourvu que chaque individu se donne l’impression d’être seul maître à bord. En fait, c’est même un peu plus : l’individu demande à ses vis-à-vis de se plier à ses exigences au nom de sa liberté, c’est-à-dire de son droit de s’imposer du fait même de sa conscience de son importance de soi à l’égard de soi-même et pour conséquence du fait de n’être pas spontanément et explicitement reconnu dans cette importance par l’autre. L’individualité ne peut s’affirmer si la personne est seule ! Il y a là pour elle quelques soucis.
L’individu évolue dans une communauté ce qui peut lui causer certains drames lorsqu’il n’est pas reconnu, selon lui, à sa juste valeur. Alors en fonction du droit à sa vie, il aura toujours la possibilité d’exiger de son milieu que ce dernier s’adapte, d’autant que le commun, lui, n’a pas d’individualité, qu’il n’est personne. La communauté se métamorphose ainsi en une pluralité de cellules psychosociales où les individualités y favorisent leurs semblables. Ces cellules créent un effet de contagion en ce que plus elles sont nombreuses et plus elles se justifient par leur nombre. Et, plus elles sont nombreuses et moins elles regroupent d’individus. Leur cohésion entre elles repose sur leur puissance à imposer la subjectivité des individus qui les composent comme fait incontournable dans l’orientation de l’exercice du pouvoir dans la communauté en général. L’individu, adoubé et encouragé par son appartenance à sa cellule, se prévaut sur toute personne qui ne s’identifie pas à celle-ci. Puisque sa « vérité révélée » à propos de son être ou de son vécu ne peut être remise en question, il va de soi que le droit de vie et de mort est de son côté.
Il y a aussi cette déconstruction du paraître qui exige de l’autre de ne pas se fier à se qu’il voit de l’individu en face de lui, mais à se plier à ce que ce dernier exige comme représentation de lui-même. Ce n’est pas sujet à discussion, tellement que pour l’individu l’évidence de la subjectivité intérieure de son être crée l’évidence de ce qui doit être. Il demande d’être entendu, mais ne partage pas la nécessité d’écouter.
Heureusement, le bonheur sera au bout de l’accomplissement de l’individualité, celle qui, à toutes fins utiles, est reconnu par les autres, et s’il le faut, leur est imposée. Malheureusement, on comprend ici que le bonheur de l’un dépend du malheur de l’autre, et que chacun, sans toujours se l’avouer, est heureux du malheur de l’autre.
Puis, se présentent souvent ces individualités qui sont celles de la subjectivité d’une personne qui se dit objective et libre dans ses connaissances, ses désirs et ses actions puisqu’elle se situe au « centre » du monde. Ces personnes se le voient confirmer tous les jours, car c’est ainsi que la société les éduque et les invite à penser. Comme ils soutirent des évènements des intentions qui confortent leurs perceptions d’eux-mêmes, ils sont souvent les premiers individus à signaler qu’ils sont les premiers à avoir dit ce que, dans les faits, tout le monde pensait déjà ! Il y a certainement un bonheur à vivre dans ce climat où chacun n’est pas si malheureux puisqu’objectivement conscient que tout est presque parfait en ce monde, vu qu’il y est, qu’il se situe en son centre et parce qu’il lui donne sa raison à sa matérialité.
C’est dans le contexte de ces différentes formes d’individualités qui s’expriment aujourd’hui que ce qui suit commence par un questionnement sur le bonheur de l’être.
Citations
Que puis-je vous dire sinon que je ne suis pas à la recherche du bonheur ?
Nous ne sommes pas uniquement nous-mêmes, mais aussi notre propre environnement.
Dans cette autonomie il y a d’inclus la solitude.
Le philosophe en ce qu’il pense par lui-même recherche bien peu le similaire. Il affectionne le déséquilibre dans le but d’agir librement dans un monde inconstant. C’est dans cet esprit qu’il n’a aucun intérêt pour la pensée dominante parce qu’elle est caractéristiquement envahissante : elle empêche de réfléchir par abus de sentimentalisme, de peur et de culpabilité. De plus, la doxa affirme que tout a été dit et qu’en toute magnanimité il ne resterait qu’à chacun d’entre nous d’en convenir sensément. Voilà pourquoi la quête de sa différence, l’exploration de son altérité sont pour le libre-penseur l’attestation et l’affirmation de l’autonomie de l’homme qui réfléchit et agit par lui-même tout en osant confronter ses sentiments et ses idées. Cette ambition d’autonomie concourt à la pluralité des visages sans l’exigence draconienne de l’acceptation du philosophe par l’autre et de celle que tous soient libres-penseurs.
AU SUJET DE L’AUTEUR
Né en 1950, formé en philosophie, en écologie humaine et en psychothérapie (Gestalt-thérapie), l’auteur cumule plus de vingt ans d’expérience comme psychothérapeute gestaltiste en pratique privée, essayiste et philosophe. Il a également écrit les ouvrages : L’écologie humaine (1985) et Libellé philosophique (2008). Au travers de toutes ses activités, il a travaillé en tant qu’intervenant puis gestionnaire pendant de nombreux mandats dans le réseau de la santé et des services sociaux du Québec.
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