Yoan
Roman Fantastique
ALAIN FOURNAISE
Fondation littéraire Fleur de Lys
Lévis, Québec, 2018, 258 pages.
ISBN 978-2-89612-559-3
Exemplaire papier : 24.95$ Tout inclus
Exemplaire numérique PDF : 7.00$
PRÉSENTATION
Lorsqu’un enfant arrive sur la terre, on lui confère des qualificatifs qui font grandir notre amour pour lui : mignon, intelligent, attachant, drôle, mais à partir du moment où l’on dit de lui qu’il est énigmatique, secret, inaccessible et mystérieux, notre curiosité s’emballe. Ce sont ces mots que la société attribut à Yoan, ce petit garçon de 5 ans, découvert complètement nu et seul dans la neige.
Yoan partira à la recherche de son identité et de son passé. Sa personnalité bien particulière et ses talents cachés feront de lui un enfant fascinant qui bouleversera la vie des personnes qu’il croisera sur sa route.
La population n’étant pas apte à connaitre son mystérieux secret, Yoan devra rapidement trouver la façon de l’annoncer au monde entier, et ce, avant qu’il n’atteigne l’âge de 11 ans. Car l’événement qui doit arriver à ce moment sera signifiant et le monde en restera marqué à jamais.
EXTRAIT
Chapitre 1
Yoan marchait en direction de la maison qu’il s’était imaginée. Elle trônait seule dans un rang du village de Thannenkirch. Il s’agissait d’une grande habitation à deux étages. Son revêtement en lattes de bois lui donnait un cachet antique, et la galerie s’étendait sur tout l’avant de la maison. Yoan aperçut cinq voitures garées dans le stationnement. « L’occupant doit recevoir des amis ou de la famille », pensa Yoan en s’immobilisant devant les trois marches qui menaient à la porte d’entrée.
Il ne pouvait plus reculer maintenant. L’événement arriverait bientôt et il devait s’y préparer. Du haut de ses dix ans, Yoan inspira profondément et gravit les marches en direction de la porte. Ses vêtements, démesurément trop grands pour lui, flottaient au vent. Sa chemise blanche, croisée à la façon d’un kimono, était retenue par une large ceinture en tissu. Les manches bouffantes et évasées dissimulaient ses mains croisées sur son ventre. Son pantalon blanc couvrait complètement ses pieds. Il était si ample que l’on pouvait croire qu’il planait en se déplaçant. Il avait dû insister beaucoup auprès de Kathy pour qu’elle lui achète ces vêtements étranges. Il voulait s’assurer que sa présence et son habillement produiraient l’effet escompté lors de sa rencontre avec l’adolescente. Kathy savait qu’il était inutile de le contredire. Elle n’aurait jamais réussi à le convaincre d’acheter des vêtements plus classiques. Depuis longtemps, elle avait compris que Yoan connaissait des choses que personne ne savait et que chaque décision qu’il prenait avait sa raison d’être. Depuis plus de cinq ans, elle avait rencontré cet enfant mystérieux et elle n’arrivait toujours pas à le comprendre.
Vivianne surgit dans le salon, des gants de cuisine aux mains. Ses invités discutaient entre eux. Ils étaient tous venus pour l’anniversaire de Mia, la fille cadette de Vivianne et Léo qui fêtait ses cinq ans. Sa grande sœur, Emmy, âgée de dix-sept ans, était plutôt réservée. Elle ne parlait à personne et restait à l’écart, dans le coin du salon, perdue dans ses pensées.
— Le repas sera prêt dans vingt minutes, annonça Vivianne avec enthousiasme.
Au même moment, le carillon de la maison résonna, et Vivianne et Léo se dévisagèrent, perplexes; il était brisé depuis plusieurs années et Léo ne l’avait jamais fait réparer. De plus, tous les membres de la famille étaient déjà arrivés : les grands-parents, leurs deux frères et leurs conjointes, ainsi que leurs quatre enfants. Jamais de colporteurs ne s’aventuraient aussi loin dans le rang où ils demeuraient.
— Tu attends quelqu’un d’autre ? demanda Vivianne à son mari, tout aussi surpris qu’elle.
Son air ébahi lui fit comprendre qu’il n’avait pas la moindre idée de qui pouvait bien se présenter chez lui.
Léo s’approcha de la porte et jeta un coup d’œil par la fenêtre, avant d’ouvrir à l’inconnu vêtu d’une étrange façon. Tous les convives, intrigués, interrompirent leurs discussions.
L’homme regarda Yoan, curieux. Il jeta un regard rapide derrière l’enfant dans l’espoir d’apercevoir quelqu’un qui aurait pu l’accompagner. Personne n’était présent. Aucune voiture. Rien !
— Est-ce que tu es perdu ? interrogea l’homme.
— Non, monsieur ! Je dois parler à une personne qui habite chez vous.
— À qui veux-tu parler ?
Yoan lui sourit; ses mains, dissimulées dans ses manches, étaient toujours croisées sur son ventre, ce qui lui donnait une apparence irréelle.
— Désolé, je ne connais pas son nom, mais si vous me permettez de la voir, je pourrai vous dire de qui il s’agit. Voyant l’homme sans mots suite à sa demande, Yoan poursuivit. Est-ce que je peux entrer ? demanda-t-il avant que l’homme ne reprenne son aplomb.
Pris au dépourvu, Léo lui fit un geste de la main et l’invita à passer le seuil de la porte.
L’entrée donnait directement sur le salon; Yoan y accéda sans cérémonies. Les invités l’examinèrent de la tête aux pieds. Il tenta de rester impassible face aux regards insistants de la famille, afin de cacher son anxiété.
— Tu ne m’avais pas dit que tu avais invité un samouraï ? dit Peter, le frère de Vivianne, avec un sourire narquois. Pour seule réponse, il reçut de sa femme, gênée par sa remarque, un coup de coude dans les côtes.
Yoan resta immobile, au milieu du salon, scrutant rapidement les invités. Son regard se figea sur Emmy, la raison de sa venue dans cette famille ! L’adolescente se redressa. Voyant que l’enfant l’observait, elle jeta un regard furtif à ses parents et aux autres invités qui semblaient tous aussi surpris qu’elle.
Se déplaçant doucement vers Emmy, Yoan se concentra sur l’adolescente sans prêter attention aux regards intenses des invités qui semblaient s’attendre à voir arriver un événement singulier. La petite Mia fixait l’étrange personnage qui semblait flotter vers sa sœur, sans dire un mot.
— Bonjour, je m’appelle Yoan !
— Est-ce qu’on se connait ? interrogea Emmy, perplexe.
— Non, tu ne me connais pas. Par contre, moi, je te connais et je vais avoir besoin de ton aide.
— Quoi ? demanda Emmy, qui ne saisissait rien de ce que Yoan venait de lui dire.
Léo, qui avait refermé la porte, rejoignit sa conjointe qui regardait la scène avec attention.
— Qui es-tu ? intervint Vivianne. Est-ce que tes parents sont au courant que tu es ici ?
Yoan resta indifférent aux requêtes de la mère.
— Je ne comprends pas comment je pourrais t’aider ! De toute façon, je n’ai le goût d’aider personne, je veux juste qu’on me laisse en paix ! objecta Emmy, qui était toujours dans sa crise d’adolescence.
— Tu pourrais m’aider en sauvant des enfants qui veulent s’enlever la vie ! Emmy fut sans mots. Elle essaya de saisir tout ce que Yoan venait de lui dire. Qui est mieux placé pour comprendre ce que vivent ces enfants qu’une personne qui a les mêmes pensées ? ajouta Yoan.
— De quoi tu parles ? Tu es complètement fou ! Je n’ai jamais pensé à mourir !
Yoan venait de jeter une douche froide dans le salon. Toute la famille était estomaquée par ce qu’elle venait d’entendre. Chacun regardait successivement Yoan et Emmy, sans dire un mot, jusqu’à ce que Léo décide d’intervenir.
— Je ne te laisserai pas insulter ma famille de la sorte ! beugla Léo. Sors d’ici immédiatement !
— Désolé, mais je ne peux pas partir pour l’instant, annonça Yoan, toujours aussi calme. Je n’ai pas encore terminé.
— Tu inventes que ma fille a déjà pensé à se suicider et tu crois que je vais te laisser dire des mensonges dans ma maison sans réagir !
Yoan se détourna pour faire face à Léo qui semblait bouillir sur place, son visage cramoisi par la rage. Toujours aussi calme, Yoan jeta un regard rapide à la mère d’Emmy, qui semblait confuse, avant de porter son attention à nouveau sur Léo.
— Ce n’est pas un mensonge ! commença Yoan d’un ton ferme et sûr de lui. Et je ne suis pas ici pour prouver ou justifier mes propos. Je veux seulement convaincre votre fille d’aider des enfants qui seront en grande difficulté dans quelques années.
Il pivota afin de faire face à Emmy avant de poursuivre.
— Naturellement, si tu mets fin à tes jours, tu ne pourras pas aider ces enfants !
— Je n’ai jamais eu l’intention de me suicider ! C’est du délire ! s’écria Emmy sur la défensive.
— Je suis très heureux que tu aies changé d’avis. Tu n’auras donc plus besoin de la lame à carton que tu caches dans le tiroir de ta commode. Et j’imagine que les flacons de médicaments que tu as dérobés dans la pharmacie de la salle de bain ne te seront plus utiles, eux non plus ?
Le visage d’Emmy devint livide. Yoan avait percé à jour tous ses secrets. Comment pouvait-il savoir ? Comment avait-il fait pour deviner ? Le père, furieux, voulut s’approcher de lui pour le saisir, mais sa femme l’intercepta. Elle avait compris que Yoan disait la vérité. L’expression que Vivianne pouvait lire sur le visage de sa fille confirmait ses soupçons. Des larmes coulaient à présent sur les joues d’Emmy, qui avait baissé la tête, honteuse.
— Emmy, est-ce que je peux compter sur toi ?
— Comment puis-je aider des personnes si je suis incapable de m’occuper de moi-même ?
— Ne t’inquiète pas ! dit-il en effleurant la joue d’Emmy avec sa main pour la rassurer. Tout va bien aller maintenant. Tu connais le but à atteindre et j’ai confiance en toi. Tu vas faire ce qu’il faut pour y arriver.
Il jeta un regard rapide aux invités qui semblaient dépassés par les événements, avant de lui saisir la main.
— Ils vont t’aider. Fais leur confiance ! dit Yoan, en désignant la parenté d’Emmy qui les observait.
— Comment vais-je savoir quels enfants je dois aider ?
Pour seule réponse, Yoan lui adressa un sourire. Il fit demi-tour et annonça qu’il devait maintenant partir.
Mia, qui avait été très discrète jusqu’à présent, s’approcha de son père. Elle lui saisit la main en fixant Yoan qui s’approchait. Celui-ci lui fit un clin d’œil. Gênée, Mia se dissimula derrière la jambe de son père.
— Est-ce que tu vas finalement nous dire qui tu es ? lui demanda Léo, maintenant beaucoup plus calme.
Avant que Yoan ne puisse dire un mot, la petite Mia prit la parole.
— Voyons papa ! C’est évident ! C’est un ange !
Tous les invités eurent un rictus. « Sa candeur est craquante », pensa son père. Seule Emmy n’avait pas réagi.
Yoan s’approcha de Mia et lui chuchota quelque chose à l’oreille. Elle lui sourit et lui fit un signe affirmatif de la tête, avant de s’éloigner pour jouer avec le casse-tête qu’elle avait reçu de sa grand-mère pour son anniversaire.
Yoan s’approcha de la porte avec Léo sur les talons. Avant même qu’il n’y arrive, celle-ci s’ouvrit sans que personne n‘y touche, jetant de la stupéfaction chez les invités. Yoan sortit sans mot dire, et la porte se referma par elle-même, sous les yeux ébahis de Léo et du reste de la famille.
Vivianne, intriguée, se tourna vers sa fille Mia, concentrée sur une pièce du casse-tête qu’elle avait en main. Elle ne remarqua pas le reste de la famille qui l’épiait.
— Mia ! Est-ce que tu peux me dire ce que le garçon t’a dit à l’oreille ?
L’enfant leva les épaules pour lui signifier qu’elle ne s’en souvenait plus. Elle termina son casse-tête en plaçant la dernière pièce, qui complétait un oiseau blanc dans le ciel.
AU SUJET DE L’AUTEUR
Alain Fournaise
Je suis, Alain Fournaise, diplômé en marketing et père de deux enfants. Je suis né en 1967 à Montréal, j’ai vécu mon enfance en Montérégie et j’y demeure toujours avec ma famille. C’est lors de la naissance de mon premier enfant que j’ai eu le feu sacré pour l’écriture, non pour la publication, mais bien pour mon plaisir personnel. C’est à ce moment que j’ai commencé à écrire Le Protecteur, un roman policier que j’ai complété en quelques mois et qui a été publié par La Fondation Fleur de lys. Par la suite, je me suis lancé dans la rédaction de courtes histoires pour ma fille de sept ans qui en était l’héroïne.
Ayant maintenant complété Yoan, un roman fantastique, c’est avec beaucoup de fierté et de satisfaction que je vous laisse découvrir mon œuvre. En espérant qu’il suscitera votre intérêt et comblera vos attentes.
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